Hors-série D’Ailleurs, la revue de recherche de l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon, Max Feed est le résultat d’une réflexion collective sur l’héritage de Max Neuhaus, considéré comme le père de l’installation sonore.
À l’intersection de différentes terminologies et modes de perception, l’artiste américain Max Neuhaus a revendiqué une conception émancipatrice de l’expérience sonore à travers des œuvres pionnières comme Listen (1966) et Drive-in Music(1967) mais aussi, plus largement, par le biais d’une production « topographique » marquant un passage historique de la musique au son.
Articulant les rapports d’attention entre individu et environnement dans une perspective transdisciplinaire – art, science, design sonore, urbanisme, paysagisme –, l’écologie de l’écoute de Neuhaus constitue l’une des expériences fondatrices des sound studies.
Les traductions de textes majeurs, rééditions et contributions inédites d’artistes et auteurs réunies dans ce volume prolongent l’exposition collective « Max Feed » présentée en 2016 au Frac Franche-Comté, puis à l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon. Elles abordent les stratégies d’attention, les interactions et les transcodages liés à une sensorialité raréfiée et discrète.
Si, pour Neuhaus, le son est une affaire transculturelle, il est ici question de mobiliser des écoutes multiples (musique programmée, espace urbain et consumériste, radiophonie et télécommunications, son subaquatique, perception réduite et augmentée, psychoacoustique), tout en opérant une relecture critique de notions telles que l’immersion, l’« acousmanie » ou la présence sonore.
Au-delà des développements possibles de l’écoute contextuelle, la réflexion ouverte par Max Feedprocède d’un parti pris consistant à considérer le son non comme une manifestation ontologique, mais comme une entité relationnelle participant à la production de l’espace social.
Daniele Balit est commissaire d’expositions, théoricien et historien de l’art, vivant à Paris. Il est professeur d’histoire de l’art et de culture générale à l’Institut supérieur des Beaux-Arts de Besançon. Il est membre fondateur de la plateforme curatoriale 1:1projects à Rome et initiateur de Birdcage, galerie temporaire et itinérante autour des pratiques sonores. Docteur en histoire de l’art (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne), sa thèse porte sur l’origine des expérimentations sonores et sur leur impact dans les contextes d’exposition. Grâce au soutien à la théorie et critique d’art attribué par le Cnap en 2014, il poursuit cette investigation par un travail sur la figure et l’héritage de l’artiste Max Neuhaus. Ses activités de recherche concernent la question de l’in situ, de l’espace public, de l’extra-muros ou de l’intervention discrète.